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4 ménages sur 10 ont vu leur pouvoir d’achat diminuer au cours des dernières années

4 ménages sur 10 ont vu leur pouvoir d’achat diminuer au cours des dernières années

Le pouvoir d’achat d’un grand nombre de ménages a diminué au cours des dernières années. Voici la conclusion d'une étude à grande échelle menée par les économistes de l’Ugent, Gert Peersman, Koen Schoors et Milan van den Heuvel. Cette étude illustre encore une fois l’importance de salaires minimums plus élevés et de la liberté de négociation salariale.

En quoi consiste l’étude ?

L’évolution du pouvoir d’achat sous l'investiture du gouvernement Vivaldi (octobre 2020 – mars 2024) a été analysée sur la base des données de transactions bancaires de 900.000 ménages. Une distinction a été faite entre différentes catégories de revenus et les factures d’énergie effectivement payées ont également été prises en compte.

L’étude permet de tirer les conclusions suivantes :

  • Le pouvoir d’achat a augmenté en moyenne de 1,4 % au cours de toute la période. Il a augmenté en moyenne de 3,2 % au cours de la période 2021-2022. Toutefois, il a diminué de 1,8 % depuis 2023. Cette baisse s’explique par une indexation des salaires et des allocations réalisée sur la base d'un indice des prix à la consommation surestimé en 2021 et 2022. À partir de début 2023, le phénomène contraire s’est produit en raison d'une sous-estimation de l’inflation.
  • Cependant, de grandes disparités se cachent derrière ces « chiffres moyens ». Les 20 % des ménages les plus riches ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de 4,5 % (malgré la crise énergétique). Les 40 % des revenus les plus faibles ont été confrontés à une baisse du pouvoir d’achat. Les 20 % des ménages aux revenus les plus faibles ont vu leur pouvoir d’achat diminuer de 2,7 % au total.

Figure 5 - Revenu disponible réel par catégorie de revenu (2010M10=100)

Koopkracht Ugent

Source : Gentse Economische Inzichten – Le Saint Graal : le pouvoir d’achat de 900.000 ménages belges sous le gouvernement Vivaldi

 

Quelles en sont les causes ?

Les chercheurs de l’Ugent identifient 3 raisons expliquant la baisse du pouvoir d’achat au sein du groupe aux revenus les plus faibles.

  • L’indexation des salaires et des allocations sur la base d'un taux d'inflation général faussé (qui a l’impact le plus important). Ici, le principal facteur est le fait que les prix de l’énergie utilisés pour calculer l'indice ne correspondent pas vraiment aux coûts énergétiques réels, entraînant une hausse du pouvoir d’achat lorsque l’inflation énergétique est surestimée et une baisse du pouvoir d’achat lorsqu’elle est sous-estimée. Il en résulte des fluctuations du pouvoir d’achat, surtout en période de crise énergétique.
  • Grâce aux tarifs sociaux pour l’énergie et à d’autres mesures de soutien en matière d’énergie, l’inflation pour cette catégorie de revenus était inférieure à la moyenne en 2022. Depuis 2023, cette catégorie est toutefois confrontée à une inflation supérieure à la moyenne, car les tarifs sociaux ont continué à augmenter jusqu'à présent, tandis que les factures d’énergie des autres catégories de revenus sont en baisse.
  • Depuis début 2024, les revenus au sein des catégories de revenus les plus faibles ont diminué. Cela démontre que le déclin de la situation économique (davantage de restructurations et de chômage temporaire, un chômage croissant chez les jeunes, etc.) touche principalement ces groupes.

Quelles sont les conclusions ?

L’étude de l’Université de Gand montre que bien que le pouvoir d’achat ait en moyenne augmenté ces dernières années, il existe d'importantes disparités entre les ménages aux revenus (plus) élevés et ceux aux revenus (plus) faibles. Les 40 % des ménages les plus pauvres (Q1 et Q2 dans le graphique) ont perdu en pouvoir d’achat ces dernières années, alors que les 60 % des ménages les plus riches (Q3, Q4 et Q5 dans le graphique) ont vu leur pouvoir d’achat augmenter. La différence est encore plus marquée lorsque nous nous penchons sur les 20 % des ménages aux revenus les plus faibles (baisse du pouvoir d’achat de 2,7 %) et les 20 % des ménages aux revenus les plus élevés (hausse du pouvoir d’achat de 4,5 %).

Selon les chercheurs, cette perte de pouvoir d’achat chez un grand nombre de personnes dans la société « peut être un facteur important du sentiment d’aliénation politique croissant et du succès des partis radicaux ». Selon l’étude, il est possible de résoudre une partie du problème en calculant l’indice des prix à la consommation de manière plus précise (sur la base des prix de l’énergie réellement payés et non des tarifs affichés pour les nouveaux contrats). Pour nous, la FGTB Métal et l’UBT, la conclusion la plus importante est toutefois la suivante : les salaires doivent pouvoir augmenter à nouveau au-delà de l’indexation. La liberté de négociation salariale (et une adaptation de la loi stricte sur la norme salariale) reste donc une priorité absolue. En outre, les salaires minimums doivent encore être augmentés. Il est tout bonnement injustifiable que les plus vulnérables de notre société voient leur pouvoir d’achat baisser, alors que celui des épaules les plus solides augmente.